Place Sainte-Ode - 4540, Amay
Au cœur du vieux bourg d’Amay, en province de Liège, l’église paroissiale — autrefois collégiale — Saint-Georges et Sainte-Ode est bien plus qu’un simple lieu de culte : elle est un véritable patchwork architectural, témoin d’un passé dense et stratifié. Depuis son ancrage au pied du coteau jusqu’aux vestiges des cimetières qui l’entouraient encore au XIXe siècle, chaque pierre raconte une page d’histoire.
Classée en 1933 et reconnue comme Patrimoine exceptionnel de Wallonie, elle doit ce statut d’abord aux fouilles archéologiques de 1977, qui ont mis au jour un trésor exceptionnel : le sarcophage de Sancta Chrodoara, identifiée à Sainte Ode, tante du diacre Adalgisel Grimo. Ce dernier précise dans son testament de 634 que sa parente repose en ce lieu. L’existence du sanctuaire est donc attestée depuis plus de treize siècles, en faisant l’un des plus anciens sites chrétiens connus de Belgique.
L’église actuelle s’élève sur les bases d’un bâtiment romain, remplacé par une basilique mérovingienne, elle-même reconstruite dans le style roman à partir de 1089, sous l’épiscopat de Henri de Verdun. C’est alors qu’un chapitre de chanoines y est installé, donnant à l’édifice son statut de collégiale.
De cette époque romane subsistent des éléments majeurs : le Westbau (façade occidentale), les murs du vaisseau et une frise d’arcatures percée de grandes baies en plein cintre. La charpente, datée de 1140-1150, révèle un savoir-faire remarquable. À l’intérieur, un escalier dissimulé dans le mur nord relie les différentes parties via un réseau de couloirs intramuraux.
Mais l’église a évolué. Le XVIe siècle introduit des éléments gothiques dans le contre-chœur. Le XVIIe en modifie la silhouette, rehaussant le Westbau. Au XVIIIe siècle, les transformations s’accélèrent : voûte, cloître, porches, chapelles et mobilier classique s’ajoutent à l’ensemble. Malgré ces évolutions, l’édifice conserve une cohérence visuelle étonnante.
Cette harmonie, fruit du dialogue entre les époques, justifie pleinement son classement. Comme le résume l’historien E. Colin : « L’homogénéité préservée [...] témoigne de la volonté [...] de tenir compte, au-delà de leur prestige personnel, du sentiment et des moyens d’une communauté très attachée à son église. »
Enfin, si son mobilier reste modeste, le sarcophage de Sainte Ode et sa châsse mosane du XIIIe siècle en font un lieu unique dans la vallée mosane.
Concert
Programme
Musique pour consort de viole de gambe