Un classique de l'été

Abbaye Notre-Dame de Grandpré Faulx-Les Tombes

Rue de l'Abbaye 2 - 5340, Faulx-Les Tombes

Nichée dans un vallon verdoyant du Condroz namurois, l'ancienne abbaye cistercienne de Grandpré, classée monument historique, s’étend sur près de dix hectares. Aujourd'hui une propriété privée soigneusement restaurée, elle conserve l'empreinte de plusieurs siècles d’histoire.

Fondée en 1231 à l'initiative de Philippe II de Courtenay, comte de Namur, avant son départ en croisade, l'abbaye de Grandpré est établie par des moines venus de Villers-la-Ville. Elle est construite sur un site possédé par l'abbaye de Villers, où se trouvait déjà une grange. L'abbaye s'inscrit dans le mouvement spirituel cistercien de l’époque, mais reste modeste, avec un nombre de moines qui n’a jamais dépassé une vingtaine. Elle gère une douzaine de fermes et joue un rôle économique important grâce à l'exploitation des ressources naturelles comme le fer, le plomb et le cuivre, qui profitent de la proximité de la rivière Samson, et ce jusqu’au XIX^e siècle.

Au XVIII^e siècle, les bâtiments conventuels sont reconstruits dans un style classique, plus sobre. C'est de cette époque que datent la ferme, les dépendances et un moulin en L (1673–1685), encore visibles aujourd’hui. Le porche d'entrée, élément emblématique, est de style Louis XV, avec un portail en plein cintre encadré de pilastres, surmonté d’un entablement orné d’un cartouche aux armes de l'abbé Étienne Defrenne. À l’étage, une niche abrite une statue de la Vierge à l’Enfant. Un chronogramme gravé, « ConDeLeCtatUr In VMbra », indique l’année 1772 et traduit l’esprit du lieu : « Que l’on est bien à l’ombre ». Ce porche est classé depuis 1956.

La Révolution française met fin à la vie religieuse : l’abbaye est pillée, saccagée, puis transformée en exploitation agricole et en refuge pour malades. En 1796, elle est vendue comme bien national. Après plusieurs propriétaires, la famille Le Grand en prend possession en 1832, grâce au baron de Stassart, gouverneur de Namur. Ce lien familial est ravivé en 1988 lorsque Jacques Le Grand rachète le domaine qu’il avait connu dans sa jeunesse.

Faulx-les-Tombes, entre le plateau condruzien et la vallée mosane, offre un cadre paisible à l'abbaye. Le nom du village évoque à la fois la falaise (« faux ») et les outils agricoles, bien que les « tombes » n’aient jamais été retrouvées. Le hameau, marqué par l’exploitation minière et les ravages de la Première Guerre mondiale, conserve un habitat dispersé au milieu de zones boisées. L’abbaye, invisible depuis la route, demeure un écrin préservé, à l’abri des regards.