Collégiale Saint-Hadelin - Celles

Cachette
5561 Celles

Collégiale Saint-Hadelin - Celles

Cachette - 5561 Celles

Dans le creux d’un village du Condroz agricole aujourd’hui aussi résidentiel, sur la commune de Houyet, l’église paroissiale Saint-Hadelin était autrefois une collégiale. Elle reste l’un des plus beaux exemplaires de l’architecture romane dit de moyenne envergure dans le bassin mosan. Pour son authenticité, sa cohérence et son histoire, le bâtiment est d’ailleurs classé comme Patrimoine exceptionnel de Wallonie.

Saint Hadelin (617-690), serait originaire d’Aquitaine. À l’instar de son maître et ami, saint Remacle, il décide de se retirer dans une grotte. Plusieurs compagnons, attirés par sa sainteté, l’y rejoignent. Les cellules que ceux-ci font construire pour vivre auprès de lui, donne le nom au village. À la suite de problèmes de voisinage au XIVe siècle, les moines se réfugient à Visé avec leur châsse. L’église tombe ensuite quasiment dans l’oubli sans être ni saccagée, ni modernisée.

L'église de pèlerinage à Saint-Hadelin est un édifice du XIe siècle bien conservé. Les murs pleins et épais en moellons de calcaire et de grès sont typiques de cette époque. Le bâtiment se compose d'une tour occidentale carrée, de quatre niveaux presque aveugles, flanquée de deux tourelles d'escalier semi-circulaire chichement éclairées par quelques fentes de lumière ; de trois nefs de cinq travées sur piliers ; d'un transept bas peu saillant et d'un chœur clôturé par une abside semi-circulaire et flanqué de deux absidioles semblables. Le rythme rapide des arcades de la nef centrale, portées par des piliers carrés en maçonnerie blanchie, contraste avec l’ampleur des arcades du transept. De manière typiquement mosane, ce transept, dont les bras sont bas, est éclairé par des petites fenêtres au-dessus des toitures des croisillons. La croisée est donc architecturalement imparfaite. De grandes arcades aveugles sur lésène scandent les parois en encadrent les fenêtrées romanes en plein cintre. Des plafonds de bois couvrent l’ensemble. La tour, bouclier protecteur, ne sert pas d’entrée mais abrite un contre-chœur voûté. Deux cryptes remarquables sont aménagées en sous-sol de l’église. C’est dans la crypte occidentale, aux voûtes d’arêtes et accessible par les escaliers en colimaçon de la tour, qu’était rangée la châsse de saint Hadelin. L’espace est destiné au culte. La crypte orientale, sous le chœur, plus vaste que la première, est organisée en trois nefs par des piliers cruciformes supportant les voûtes d’arêtes. Elle est vouée aux sépultures et aux activités de pèlerinage.

Quelques modifications, comme le remplacement de la charpente au XVIIIe siècle, l’adjonction d’une chapelle funéraire néo-romane de la famille des seigneurs locaux les Beaufort au milieu du XIXe siècle, ont à peine altéré cet ensemble.

Aujourd’hui, nous rappelle L.F. Genicot, « un monde de couleur nous échappe ». En effet, à l’époque romane, toutes les maçonneries étaient enduites et peintes. Tentures, images, pièces d’orfèvrerie, meubles et autres devaient animer et parer tout l’intérieur. Bien à l’opposé de ce que représente le « roman » pour nous !

Le mobilier comprend plusieurs pièces gothiques et Renaissance. Les stalles canoniales sont parmi les plus anciennes conservées à ce jour puisqu’elles sont antérieures à 1338. Fonts baptismaux avec têtes d’angle et bénitiers en pierre bleue, belles dalles funéraires, statues de Christ en croix, Vierge et Saint-Jean en bois polychrome, tous du XVIe siècle.

L’empereur Henri III (1039-1056) accorda à la communauté de Celles le droit de battre monnaie. Plusieurs deniers très remarquables y sont conservés.

Sur la colline, au bout d’un sentier facile rythmé par une série de triples marches et par les quatorze stations d’un chemin de croix néo-gothique en pierre calcaire, se trouve la chapelle dite de l’Ermitage, construite à l’emplacement de la sépulture de saint Hadelin, près de la grotte où il s’était retiré.

Le village de Celles s’est aussi illustré lors de la Guerre de la vache (1273-1275). C’est aussi à Celles que fut stoppée la dernière offensive allemande lors de la Bataille des Ardennes, le 24 décembre 1944. 

Julien Bohet

Avec l’assistance technique du Service du Patrimoine culturel de la Province de Namur.

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