Citadelle de Dinant

Chemin de la Citadelle 1
5500 Dinant

Citadelle de Dinant

Chemin de la Citadelle 1 - 5500 Dinant

Trois moyens s’offrent à vous pour accéder à la « citadelle » : soit en voiture par la route Saint-Jacques en direction de Ciney, soit à pied, le téléphérique vous faisant éviter l’impressionnante mais instructive montée de l’escalier de 408 marches à flanc méridional du promontoire rocheux. Cet éperon barré, au pied duquel se dresse la collégiale Notre-Dame, domine la Meuse de 120 m.

Philippe Bragard est notre guide dans ce dédale de maçonneries militaires. On sait que le site a connu un château et une chapelle dédiée à saint Benoît au XIe siècle et qu’au début XVIe siècle Érard de la Marck, prince évêque de Liège demande la réparation des forteresses de la Principauté, dont Dinant. Peu d’informations documentent la modernisation probable du site avant sa prise en 1675 par les troupes de Louis XIV. Vauban et Cladech font sérieusement renforcer l’édifice militaire dans les années qui suivent. Avant de rendre la ville à l'évêché de Liège, les Français font sauter, en 1698 et en 1703, tous les renforcements et réparations qu’ils venaient de faire. Seule subsiste la galerie souterraine en chicane, d’environ 50m, construite en petit appareil irrégulier de calcaire, sous l'actuel parc d'attraction de Mont Fat. On y accède par la tour Montfort, édifice néo-médiéval du début du XXe siècle.

Le site fut ainsi sans fortification pendant le XVIIIe siècle.

Le projet de reconstruction d'une casemate commandant la Meuse et les différentes routes qui se croisent à Dinant datent de 1817 pour protéger les Pays-Bas d’alors. C'est l'œuvre du capitaine ingénieur E. Bergsma. Les travaux s'achèvent en 1821. Il s'agit d'un fort, à la capacité réduite en hommes et en armement, au potentiel de résistance limité, et non d'une citadelle au sens propre du terme, malgré la dénomination touristique en usage. L'ensemble est en relativement bon état, comme l’estime notre guide, malgré l'arasement des terrassements, l'écroulement de certains parements dans les parties basses (réfectionnées en béton) et la transformation en 1936 d’une casemate pour y reconstituer une tranchée du front de l'Yser qu’un « abri effondré ».

Le plan de la « citadelle » est un pentagone allongé irrégulier, tourné vers la vallée. Le système d’entrée est placé à l’est. C’est une construction en U, voûtée en berceau et en cul de four, en petit appareil de calcaire presque régulier. Les murs sont épais d'1,80 m. Une de ses dalles est millésimée 1820. Dans les parois s'ouvre une suite de trente-deux meurtrières pour fusil. Au-dessus de l'ouvrage, se dresse un monument allemand à la mémoire des soldats tués en 1914. Le fossé de protection est aujourd’hui comblé. Aux extrémités de celui-ci, deux caponnières doubles le traversent. Celle du sud est à deux étages percés de 17 et de 33 meurtrières, prolongée vers le sud-est par un couloir surveillant l'escalier venant de la ville par sept créneaux de tir et menant à trois salles à canon surveillant la ville et le pont. Il n’y a pas loin de 150 m de couloirs desservant des salles casematées protégeant les accès à la ville, notamment venant de Ciney. Au-dessus d’une des portes du système d’entrée, lisez sur la dalle gravée l'inscription datée de 1821 : «NI CIRCUMSPICIAS / AGGREDIARE CAVE / ANNO. VI. POST PRAELIUM. AD. WATERLOO. »

La grande cour centrale au plan pentagonal allongé, épousant la forme de l'éperon, est pavée de grès. Tout autour, des locaux aux murs en grand appareil de calcaire, épais en moyenne de 2 m. Au nord, deux étages de salles casematées. Certaines servent de casernement, de boulangerie et de forge, d’autres sont des casemates à canon dirigées vers les routes de Philippeville et de Bouvignes. Au sud-ouest., deux casemates identiques contrôlent la route de Givet. Deux portes en plein cintre donnent accès à une terrasse bordée d'un garde-corps, sur laquelle se trouvait une roue à godets sous une construction en planches (disparue) représentée sur les aquarelles du général de Howen (1820-1821). Au sud, six casemates identiques commandent la Meuse. C’est dans l’une d’elles que s'ouvre une porte menant sur l’escalier vertigineux disposé à flanc de rocher.

Repérez ici ou là durant votre visite, le pavement particulier de certains sols fait de briques sur champs.

Le site est démilitarisé depuis la fin du XIXe siècle. Il fut bien sûr utilisé lors des deux guerres mondiales laissant un souvenir très amer à la ville « martyre ».

Julien Bohet,

avec l’assistance technique du Service du Patrimoine culturel de la Province de Namur.


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